Mission à l'interieur

 

ELECTIONS COMMUNALES : PACTE GUINEE SE MOBILISE

 

La réussite d’élections crédibles et apaisées est un gage de l’ancrage démocratique. Mais le chemin qui y mène est complexe, nécessitant l’implication et les efforts d’acteurs venant d’horizons divers. Les réalités d’aujourd’hui, doublées de l’expérience ancienne, enseignent que la démocratie se construit toujours à partir de la base, avec le citoyen, lucide dans la réclamation de ses droits, responsable dans l’accomplissement de ses devoirs. En prenant en compte ces dimensions, le Centre Européen d’Appui Electoral a mis en œuvre le programme PACTE II dont le but, en plus de l’appui aux institutions démocratiques nouvellement installées, est d’intervenir surtout dans l’accompagnement du processus électoral. 

 


C’est pourquoi, en prélude aux futures communales et afin de contribuer à leur réussite, Pacte Guinée a entrepris une tournée à l’intérieur du pays en déployant une mission de six experts chargés d’évaluer la situation sociopolitique et constater de près l’évolution des activités des différents intervenants dans le processus électoral, avec la conscience que c’est en échangeant directement avec eux qu’on peut arriver à cerner les problèmes que suscite leur fonctionnement. 

 


La mission s’est déroulée du 28 Aout au 04 Septembre 2016 et a concerné les préfectures de Kindia, Mamou, Dabola, Kankan, Dalaba, Pita et Labé. Partout, l’équipe a d’abord rencontré les autorités administratives pour présenter la mission et ses objectifs avant de poursuivre avec les autres acteurs. S’agissant de ces derniers, des séances de travail et de discussions ouvertes ont eu lieu avec les Centres d’éducation civique et électorale, les partis politiques, les démembrements de la CENI ainsi que les directions préfectorales de l’éducation. 

 


Il ressort des constats de la mission que la situation politique est globalement calme, sereine, apaisée. Les principales formations politiques sont présentes sur le terrain, à travers des activités de mobilisation, et s’activent à préparer le rendez-vous électoral à venir, ce qui se matérialise déjà par le choix de quelques candidats à la base. Sur ce point, tous convergent d’ailleurs autour de la nécessité d’organiser au plus vite les locales. De leurs relations entre eux en tant que partis, il faut retenir que s’il n’y a pas de problèmes majeurs de coexistence, il n’existe pourtant pas d’espace d’échanges leur permettant de se rencontrer périodiquement. Ce qui les unit tient plus aux liens sociaux préexistants qu’aux efforts politiques déployés dans ce sens. 

 


Représentantes de la Commission Electorale Nationale dans les préfectures, les Commissions Electorales Préfectorales aussi ne sont pas en reste. Mais suspendues au chronogramme national, elles ne peuvent être suffisamment actives que dans le cadre d’un calendrier électoral précis. Toutes les CEPI visitées sont installées conformément aux accords politiques et leur fonctionnement se heurte à moins de problèmes d’ordre interne. Au titre des difficultés qu’elles rencontrent il faut relever entre autre : l’insuffisance de la formation sur la conduite des élections locales sur laquelle il y a assez peu d’expérience, le déficit de communication (beaucoup de démembrement pointent le caractère tardif de certains messages transmis par l’organe national), la faiblesse du niveau de financement, les problèmes d’ordre logistique (nombreux sont les démembrements de la CENI qui ne disposent même pas du matériel informatique de base) le problème de source d’énergie aggravé par l’incapacité de la société Electricité de Guinée à fournir de l’électricité dans toutes les localités.

 


Quant aux Centres d’Education Civique et Electorale, ils s’efforcent, autant qu’ils le peuvent, à jouer leur rôle d’intermédiaire entre les citoyens et la société politique. Les rencontres thématiques, forums de discussion, écoutes collectives… qu’ils organisent sont prisés des citoyens et mobilisent toutes les sensibilités. Ces activités rapprochent les populations de leurs élus et permettent un large partage d’information sur la citoyenneté, l’actualité, les modalités de participation active à la vie de la localité. Cette disposition à s’intéresser à tout ce qui concerne les populations confère à ces centres un niveau de crédibilité assez élevé. Il arrive même des situations (comme dans une affaire de justice à Dabola par exemple) où ils apparaissent comme le dernier recours même pour les pouvoirs publics. Aussi, ils représentent un espace ouvert aux autres ONG de la société civile et leur permettent ainsi d’exister et de réaliser leurs travaux. Cependant, le faible niveau de financement dont ils bénéficient ne leur permet pas d’épuiser leurs programmes, encore moins de les étendre à un plus grand nombre de personnes. 

 


Mais on ne peut parler démocratie qu’en prenant élan dans la citoyenneté à travers une éducation civique mieux élaborée. Cette dernière doit être prise en charge par l’école de la République qui doit en faire une préoccupation particulière, conformément à la mission qui est la sienne. C’est forte de cette idée que la mission de ECES a été amenée à rencontrer  les directions préfectorales de l’éducation pour réfléchir avec elles sur la conception d’un module d’éducation civique dont l’enseignement devient obligatoire dans le secondaire conformément à la résolution de l’Assemblée nationale votée dans ce sens. Des propositions des DPE on retient entre autre : l’identification et la formation des formateurs du module, l’augmentation du coefficient et du volume horaire de la matière en lui accordant plus d’importance. 

 


Dans toutes les localités visitées, partout, les populations ont salué la présence de ECES qui n’est pas à sa première visite à l’intérieur. Déjà, à l’occasion de la présidentielle de 2015, sa caravane des savoirs avait sillonné tout le pays dans le cadre de la sensibilisation. Cette activité majeure, de l’avis même des autorités de ces localités, a constitué un vecteur essentiel de maintien de la paix après le scrutin. 

 


Cette initiative de ECES n’est pas la seule. L’institution compte poursuivre cet effort d’accompagnement du processus électoral à travers un vaste programme d’activités de formation (LEAD et BRIDGE, code de bonne conduite des journalistes) dont les lieux ont été identifiés au cours de cette tournée.